Cette journée d’études consacrée aux corps animaux abordera l’existence charnelle des animaux non humains : comment la comprendre ? Comment la représenter ? Comment a-t-elle été envisagée dans la culture humaine, notamment (mais pas uniquement) occidentale ? Comment les corps animaux sont-ils traités aujourd’hui ?
Programme
9H30 Fabien Marchadier, droit, Université de Poitiers, « Le corps des animaux utilisés à des fins scientifiques : l'éthique de l'avilissement »
Comment la dégradation du corps des animaux en "corps vils" a suscité une problématique éthique (les « 3 R » de Burch et Russel) puis juridique (l'indigence du droit français initial puis le renforcement de la protection des animaux par l'Union européenne qui se heurte au plafond de verre façonné par l'industrie pharmaceutique et plus généralement l'industrie de la chimie).
La protection juridique est-elle autre chose qu'un ensemble de procédures autorisant les atteintes au corps des animaux et confortant leur réification ?
10H20 Lucie Nayak, sociologie, Université de Liège, « Corps de rescapés »
Cette présentation explorera ce qui a été fait aux corps des animaux d’élevage et comment les refuges tentent de les réparer d'une part, et aussi comment, en l'absence de langage verbal commun, c'est par les sens et le corps que les relations interspécifiques avec eux peuvent se construire.
11H10 Chloé Jaffrezic, sociologie, Université Rennes 2, « Entre liberté et contention, mise en tension de la corporéité et de l'agentivité de l'animal en exploitation »
Cette étude de la relation éleveur-animal en Bretagne et en région namuroise (Belgique) auprès des filières bovines et porcines donne à voir comment différents rapports au corps de l'animal qui s'établissent entre l'éleveur et ses animaux, se configurent et se façonnent en relation avec la configuration territoriale de l’exploitation et aux modalités de développement du réseau de l’éleveur. C'est par la notion d'agentivité animale que nous nous questionnerons sur ces types de relation à l'animal présents en élevage, cette relation étant envisagée comme une variable explicative de son environnement, mais aussi comme le fruit de ces aménagements et enchevêtrements constituant le territoire de la relation.
12H00 déjeuner
13H30 Philippe Devienne, philosophie et sciences vétérinaires, « Le corps animal vu par les sciences vétérinaires »
L’animal - peut-on dire son corps ? - en médecine et en chirurgie vétérinaire est tout sauf une boîte noire. Il est l’objet d’une enquête, ou d’un pistage avec cette recherche de traces et d’indices, souvent infimes, où tout est signe, puis fait sens : un frémissement douloureux, une réaction inappropriée, une odeur, une couleur… Il a ses voies d’accès en chirurgie, ses chemins à ouvrir… En d’autres mots, le corps vivant en médecine vétérinaire est une sente.
14H20 Patrick Prunet, physiologiste, INRAE « Les études sur corps des poissons, des arguments en faveur ou contre l’existence d’une conscience chez les poissons ? »
Souvent mal perçus et considérés comme des animaux primitifs, muets et possédant une sensibilité limitée, les poissons peuvent aussi être des animaux de compagnie proches des humains. Les connaissances scientifiques acquises dans les dernières décennies montrent que les poissons ont beaucoup de similitudes avec les animaux terrestres. Nous ferons le point sur ces connaissances pour aborder ensuite la cognition chez les poissons en relation avec la conscience. A partir de cet état des lieux, nous analyserons les conséquences que ces informations devraient avoir sur la bonne gestion du bien-être des poissons.
15H10 pause café
15H30 Julien Dugnoille, anthropologie, Université d’Exeter, « Le corps des chiens comme site de pouvoir »
On explorera ici la façon dont le corps des chiens coréens deviennent des sites de confrontation entre différents discours de justice sociale : justice animale vs. justice raciale, opposition qui mène à la singularisation, sacralisation et marchandisation des corps canins.
16H20 Table-ronde sur la représentation littéraire et artistique des corps animaux, animée par Morgane Murgalé, avec
- Franck Bessière, photographe.
- [BF], auteur de BD, Safari Urbain.
- Nathalie Georges, éditrice, Animal Debout.
Organisation : UFR Langues Service Formation Continue, Émilie Dardenne, Mathilde Douaglin, Rachel Lapicque.
Tarifs
- Individuel : 35 euros
- Institutionnel : 70 euros
- Etudiant·e ou demandeur d'emploi : 10 euros (avec justificatif)
- Personnel de Rennes 2 ou ancien·ne·s étudiant·e·s du DU : 10 euros
Inscrivez-vous en ligne avant le 14 juin en cliquant ici.
Possibilité de s'inscrire sur place le matin même, paiement par chèque uniquement.
Pour bénéficier des tarifs réduits, un justificatif sera demandé sinon application du tarif plein (35,00€).